- PARTI SOCIAL-DÉMOCRATE (Grande-Bretagne)
- PARTI SOCIAL-DÉMOCRATE (Grande-Bretagne)PARTI SOCIAL-DÉMOCRATE, Grande-BretagneLe Parti social-démocrate est né en Grande-Bretagne en mars 1981 de la scission d’une fraction de droite du Parti travailliste. Cette scission est l’œuvre de quatre membres importants du parti, surnommés «la bande des quatre»: Shirley Williams, Bill Rodgers, David Owen et Roy Jenkins. Elle est le résultat d’une évolution sensible vers la gauche du Labour Party après sa défaite électorale de 1979: le retour en politique étrangère à l’idée d’un désarmement atomique unilatéral et à une position favorable à un retrait de la Communauté économique européenne, la réforme des règles de désignation du leader du parti, futur Premier ministre, que l’on confie à partir de 1980 à un collège électoral où les militants de base et les syndicats l’emportent sur les parlementaires, le choix, en novembre, de Michael Foot, idole de la gauche, comme nouveau leader, l’exposé d’un programme économique réellement socialiste fondé sur le développement des collectivisations, tels sont les points qui soulèvent le plus l’indignation de l’aile modérée. Les «quatre» se réclament d’une tradition «social-démocrate»: ils sont des réformistes, veulent procéder par changements «graduels», sans rupture brutale avec le capitalisme; sous l’influence notamment de Roy Jenkins, qui présida la Commission de Bruxelles jusqu’en 1981, ils se réclament aussi de la lignée internationaliste et pro-européenne; atlantistes convaincus, ils entendent voir la Grande-Bretagne participer pleinement à la défense du monde libre. Le 25 janvier 1981, leurs points de vue sont proclamés dans la «Déclaration de Limehouse» et ils entraînent la formation d’un conseil pour la social-démocratie qui, après quelques hésitations, se transforme en parti avec l’appui de quatorze députés travaillistes et d’un conservateur; deux élections partielles et de nouveaux ralliements portent leur représentation parlementaire à vingt-neuf un an plus tard.Au cours des deux années qui suivent, le parti prend d’importantes options. D’abord par la construction d’une véritable machine politique: à la fin de 1981, il compte déjà soixante-dix mille militants. Par la désignation d’un véritable leader: une difficile confrontation entre David Owen, brillant ministre travailliste des Affaires étrangères au temps du gouvernement Callaghan, et Roy Jenkins aboutit en mai 1982 à la victoire de ce dernier. Surtout par le choix d’une stratégie de la victoire: plutôt que d’envisager un rôle de parti charnière, les sociaux-démocrates, après avoir hésité et envisagé d’influencer un éventuel gouvernement du Labour de l’extérieur, choisissent de mettre un terme à la domination des deux grands partis traditionnels et, pour y parvenir, ne voient d’autre solution qu’une alliance avec le vieux Parti libéral. Celle-ci est progressivement conclue à la fin de 1981 sur le principe du respect de l’autonomie de chacune des composantes. En août 1982, Roy Jenkins convainc pourtant ses partenaires que l’électorat souhaite connaître le nom de l’éventuel Premier ministre et obtient d’être désigné pour cette responsabilité. Alliance électorale et entente entre leaders, l’union avec les libéraux ne signifie donc nullement la disparition des sociaux-démocrates en tant que tels. Aux élections générales de juin 1983, le parti obtient un résultat discutable: en compagnie des libéraux, il a certes conquis le quart de l’électorat et, en comparaison des résultats de 1979, a contribué à pratiquement doubler le nombre des suffrages libéraux d’alors; mais le Parti libéral, en 1974, était déjà parvenu à galvaniser plus de six millions d’électeurs; le S.D.P. se voit ainsi crédité d’un électorat variant de moins de deux à près de quatre millions de citoyens. Plus décourageant, sur les vingt-deux élus de l’alliance, les sociaux-démocrates ne sont que six. Roy Jenkins, découragé, cède la direction du parti parlementaire à son ancien rival David Owen.Le parti décide de s’en tenir à sa stratégie d’entente avec les libéraux et se satisfait d’avoir implanté dans tout le pays des racines solides, d’avoir ramené le Labour Party à moins de 28 p. 100 de l’électorat, de pouvoir se poser en victime du système électoral uninominal à un tour; il se fait évidemment le champion d’une forme de suffrage proportionnel.Son avenir n’est pas sans poser problème. L’évolution des travaillistes depuis 1983 s’est traduite par un «recentrage» et par l’adoption de positions plus réalistes: les sondages semblent attester que des retours de militants et d’électeurs déçus sont plus que probables. La question des moyens financiers est difficile: sans l’appui des syndicats et en l’absence d’une véritable organisation de masse, la consolidation des acquis et la propagande sont freinées. L’alliance avec les libéraux, condition de la crédibilité, risque de se faire au profit des alliés, trois fois plus nombreux au Parlement et forts de traditions et d’implantations régionales solides. Le refus de la proportionnelle est certain dans le court terme et condamne les dirigeants du parti à jouer à nouveau avec l’idée d’imposer leurs points de vue à partir d’une position charnière entre les deux «grands»: stratégie en général suicidaire dans l’histoire récente de la Grande-Bretagne.En juin 1987, la défaite électorale de l’Alliance porte bien des socialistes au désespoir et, en septembre, une majorité se prononce contre l’avis de David Owen en faveur d’un parti nouveau par fusion avec les libéraux. La résistance de l’ancien leader crée des risques de scission et le passage à un «groupuscule» social-démocrate. S.D.P. et Parti libéral se regroupent au début de 1988 pour former le Parti des démocrates libéraux. En 1990, le S.P.D. se saborde.
Encyclopédie Universelle. 2012.